Par Thomas Jourdan
Le constat
En Ile-de-France, 78% des trajets effectués sont inférieurs à 5 km. Pour de telles distances, le vélo représente un moyen de se déplacer efficace ; il est en outre non polluant et sa pratique est bonne pour la santé. Pourtant, sa part dans la mobilité reste faible (autour de 3%), y compris à Orsay. Le potentiel est énorme : avec la popularisation des vélos à assistance électrique, subventionnés à hauteur de 500 euros par la région, les nombreuses côtes d’Orsay ne sont plus un problème. Le seul obstacle pour atteindre une part dans la mobilité de l’ordre de 20 à 30%, similaire à certains pays européens, n’est guère que le manque d’aménagements permettant aux cyclistes de se sentir en sécurité.
Or le constat est sévère à Orsay :
- Alors que les villes voisines (Bures-sur-Yvette, Palaiseau) ont déjà commencé à mettre en application leur plan vélo, Orsay ne dispose toujours pas du sien.
- Malgré l’existence d’un collectif vélo chargé de discuter des aménagements cyclables avec la Mairie, les solutions apportées pour le stationnement se réduisent parfois à l’installation de pince-roues, fortement déconseillés depuis de nombreuses années par les cyclistes (figure 1). L’offre de stationnement est clairement sous-dimensionnée (figure 2).

figure 1 : parking vélo devant la médiathèque du centre Georges Brassens. On peut voir que les pince-roues (sur la droite) sont nettement moins prisés que les arceaux (sur la gauche)

Figure 2: stationnement de vélos rue de Paris, au niveau du Cours Secondaire d’Orsay. Le vélo avec la remorque (et la voiture bleue…) stationne sur la piste cyclable, faute d’aménagement adéquat.
- Les aménagements cyclables sont discontinus, quand ils ne sont pas inexistants, certains ne sont pas éclairés et mal entretenus (figure 3).

Figure 3: Piste dite « des genêts », le long de la N118. Ici entre la rue de Paris et l’avenue Saint Laurent. La prise de vue de nuit montre que cette portion représente un vrai « trou noir » pour les cyclistes et les piétons. De nombreux nids-de-poule la jalonnent, rendant son utilisation périlleuse de nuit.
- A l’issue du questionnaire vélo « parlons vélo » organisé par la fédération française des usagers de la bicyclette (FUB) à l’automne 2019, Orsay a été jugée « plutôt défavorable » pour l’utilisation du vélo. Les seuls points jugés positivement par les Orcéens sont la sécurité des zones résidentielles et l’absence de conflits entre piétons et cyclistes, comme toutes les autres villes de la CPS, et l’existence d’un magasin de réparation vélo (… mais dont l’avenir est incertain si le projet de centre-ville actuel se concrétise). Tous les autres points (sécurité des enfants, efforts de la ville, communication pro-vélo…) sont jugés négativement (figure 4). Notons aussi que parmi les 9 communes de la CPS ayant reçu suffisamment de réponses au questionnaire pour être qualifiées au palmarès, Orsay fait partie des deux seules villes à ne pas avoir relayé l’existence de ce sondage, malgré la campagne d’information de la FUB.

Figure 4: résultats du questionnaire « parlons vélo » pour les 9 communes de la CPS ayant eu suffisamment de réponses pour paraître au palmarès
Nos propositions
Il nous faut rapidement rattraper le temps perdu pendant ces dernières années, où trop peu de mesures ont été prises en faveur du développement du vélo. Pour cela, nous procéderons en deux phases :
1 – Dès le début du mandat, des mesures seront prises pour faciliter les déplacements à vélo et la cohabitation avec les autres modes de transport :
- Nous généraliserons les sas vélo, présents pour l’instant à seulement quelques intersections à Orsay, et introduirons les cédez-le-passage cyclistes au feu rouge. Le sas vélo permet une meilleure sécurité pour les cyclistes, mais aussi pour les piétons qui sont plus visibles pour les conducteurs. Le cédez-le-passage cycliste au feu rouge a un double avantage : les cyclistes peuvent franchir le carrefour en toute sécurité, au moment où il est vide de véhicules, et les automobilistes peuvent ensuite démarrer sans être gênés par les cyclistes. La fluidité du trafic en est donc améliorée.
- Nous expérimenterons les doubles sens cyclables. Cet aménagement permet aux cyclistes de prendre une voie en sens opposé à celui des voitures. Il offre l’avantage d’éviter aux cyclistes de faire de longs détours, ce qui s’avérerait très pratique sur certains tronçons de la ville (figure 6). Contrairement aux idées reçues, cet aménagement est très sûr, car les cyclistes et les automobilistes se voient et ralentissent en se croisant.

Figure 6 : Exemple d’aménagement de type double sens cyclable (en vert). Il permettrait de rejoindre rapidement le centre-ville depuis la gare d’Orsay-ville. Actuellement les deux itinéraires possibles (en rouge) sont au moins deux fois plus longs. La largeur du boulevard Dubreuil permet d’aménager un double-sens cyclable sûr.
2 – En parallèle, un plan vélo ambitieux mais réaliste sera mis sur pied par le comité vélo composé d’élus, de cyclistes (associations et particuliers) et des personnes des services pour :
- Réaliser, en collaboration avec la Communauté d’agglomération Paris-Saclay (CPS) et le département (dans le cadre du réaménagement des rings), une liaison Nord-Sud reliant les deux bassins d’emploi de Courtabœuf et de Saclay (voir par exemple ce site pour des tracés possibles)
- Résorber au maximum les discontinuités cyclables
- Multiplier les emplacements de stationnement pour les vélos. Certains seront abrités (à proximité des commerces notamment).
- Déployer le programme national « Savoir rouler à vélo » dans les écoles primaires.
Nous mobiliserons au maximum les financements prévus pour la réalisation d’aménagements vélos, comme le fonds national vélo (350 millions d’euros sur 7 ans).
Nous nous engageons à rendre compte régulièrement de la mise en application du plan vélo dans le journal municipal et nous communiquerons de manière pédagogique sur les mesures mises en place.